1. |
||||
Dans le jardin d’Eden
La vie est un grand jeu
Pas de place pour la haine
Ni les débats houleux
Tout ce qu’on y entend
Sont les messages d’espoir
C’est l’éternel printemps
La fête obligatoire
Le bonheur devenu emblème
Dégouline encore et encore
De nos bouches gonflées comme l’oedème
D’un paradis technicolor
Du flic au fossoyeur, tout le monde le dit
On vit dans le meilleur des mondes aujourd’hui
Libéré de la peur, non-violent comme Gandhi
Triomphe du bonheur au pays de Candy
Dans cette jungle les tigres
Ont des pattes de velours
Jamais ils ne dénigrent
Personne dans leur discours
Jamais plus ils ne veulent
Surveiller et punir
On s’en charge tous seuls
Et avec le sourire
Quand le bonheur retourne sa veste
Nous laisse en lambeaux, lessivés
Quand pleurer est tout ce qu’il nous reste
On se force à positiver
Contre le mal de coeur, surtout reste bien assis
Demande à ton dealer une dose d’ataraxie
N’écoute pas la douleur, redresse-toi et souris
Enfile tes écouteurs, Radio Happycratie
Dans ce pays sauvage
Chacun fait ce qu’il veut
Tant qu’il passe au péage,
C’est la règle du jeu
Chacun poursuit la quête
Du plaisir solitaire
Et docilement répète
Le mantra des experts
Le bonheur est une niche fiscale
Ouverte aux riches, aux bien-portants
Pour pouvoir décrocher ce Graal
Faut faire partie des dominants
Achète le bonheur, peu importe son prix
Sois fier d’être un winner, relève les défis
Ne laisse pas ton aigreur troubler leur euphorie
Sinon à coups de taser, ils t’indiqueront la sortie
Du flic au fossoyeur, tout le monde le dit
On vit dans le meilleur des mondes aujourd’hui
Libéré de la peur, non-violent comme Gandhi
Triomphe du bonheur au pays de Candy.
|
||||
2. |
L'envieuse
03:54
|
|||
Ce n’est pas moi qui suis jalouse
Mais c’est mon coeur adolescent
Liqueur amère au goût de blues
J’ai bu ce poison en naissant
Sois sage, ô mon aigreur, et laisse-moi dormir
Une fois de plus, tu me tortures
Dès que tu me dévoiles le fond de mes désirs
Mon âme révèle sa vraie nature
La vérité fait mal, et sonne comme un blasphème
Je suis envieuse… de ceux que j’aime
Tout ce que les autres ont, je sens qu’ils me l’ont pris
La peur de manquer me consume
Toute l’eau des océans n’éteindra pas mon incendie
Ils surfent la vague, et moi j’écume
La vérité fait mal et sonne comme un blasphème
Je suis envieuse… de ceux que j’aime
Ce n’est pas moi qui suis jalouse
Mais c’est mon coeur adolescent
Liqueur amère au goût de blues
J’ai bu ce poison en naissant
Et si j’avais cueilli ce fruit empoisonné
Sur l’arbre généalogique
Suis-je une anomalie ou bien ai-je hérité
D’une maladie génétique?
La vérité fait mal et sonne comme un blasphème
Je suis envieuse...comme ceux que j’aime
Contre l’envie je livre obstinément bataille
Dans une lutte inégale et dure
L’homme est un loup pour l’homme, mais un loup qui travaille
A changer sa propre nature
Ce n’est pas moi qui suis jalouse
Mais c’est mon coeur adolescent
Liqueur amère au goût de blues
J’ai bu ce poison en naissant
|
||||
3. |
Mademoiselle
03:39
|
|||
Ce soir dans le miroir je vois ma première ride
Un pli imperceptible, une ligne volatile
Rien qu’une virgule joueuse qui vit sa vie timide
Entre le coin de mon oeil et l’ombre de mes cils
Il n’y a pas de quoi avoir peur
C’est juste une fêlure dans le décor
Un simple signe avant-coureur
Le premier clin d’oeil de la mort
Mademoiselle, actuellement j’ai le label
Mademoiselle, temporairement éternelle
Mademoiselle
Mademoiselle, provisoirement immortelle
J’ai beau me persuader que c’est pas demain la veille
Que je me flétrirai, me fanerai comme une rose
La vue de cette ridule quelque part m’indispose
Comme ce poète barbant, qui me voit déjà vieille
Il n’y a pas grand-chose à faire
Pas de traitement connu encore
Contre le retour à la terre
La décrépitude du corps
Mademoiselle, actuellement j’ai le label
Mademoiselle, temporairement éternelle
Mademoiselle
Mademoiselle, provisoirement immortelle
Ce soir dans le miroir je me reconnais à peine
Qu’est devenue mademoiselle
La petite princesse a fait place à la reine
Qui ne veut plus souffrir pour être belle
Il n’y a rien de plus jouissif
Que de m’entendre appeler Madame
Ce mot libère mon corps captif
Des chaînes qu’on met aux jeunes femmes
Appelle-moi, appelle-moi madame
Appelle-moi, appelle-moi madame
Appelle-moi madame
Appelle-moi madame
|
||||
4. |
La peau de l'ourse
04:17
|
|
||
La peau de l’ourse est une forêt
Pelage sombre, reflets dorés
Tantôt taïga, tantôt bocage
Tantôt jardin, tantôt sauvage
La peau de l’ourse est une injure
Presque une erreur de la nature
Pour les chasseurs qui la veulent nue
Exposée aux regards qui tuent
Elle les répugne, elle leur fait peur
Sa toison brune et son odeur
La peau de l’ourse n’est plus à elle
Au nom de la beauté éternelle
Elle est rasée depuis longtemps
Colonisée par les marchands
Elle les répugne, elle leur fait peur
Sa toison brune et son odeur
Vous qui vendez la peau de l’ourse
En suivant les cours de la Bourse
Vous qui tondez méthodiquement
Son épiderme pour vos clients
Vous qui exposez sa carcasse
Sur vos affiches, vos tableaux de chasse
Sans un seul poil, sans une seule ride
Lisse et fatale, mince et livide
Elle vous répugne, elle vous fait peur
Sa toison brune et son odeur
Ne rasez plus la peau de l’ourse
Laissez-la vivre, suivre sa course
Regardez-la, le poil au vent
Sauvage et libre, obstinément
Et si jamais elle vous dégoûte
Cessez de lui barrer la route
Personne ne vous demande rien
Ecartez-vous de son chemin
|
||||
5. |
Après la nuit
03:29
|
|||
Il faisait noir dans le village
Mais les étoiles nous éclairaient
Après la nuit vient le matin
En m’éveillant je me souviens
Le feu dessinait nos visages
Côte à côte on s’est allongés
Après la nuit vient le matin
Et le dernier tison s’éteint
Après la nuit naît l’ennui
Sonnent les matines, que vienne la routine
Dans la lueur de minuit
Nos deux corps s’animent, mais à quoi ça rime?
On s’est blottis sous les comètes
Protégés par la Voie Lactée
Après la nuit vient le matin
Tu me parais si quotidien
Le ciel avait des airs de fête
Pour les lucioles, on a dansé
Après la nuit vient le matin
Déjà on se lâche les mains
Après la nuit naît l’ennui
Sonnent les matines, que vienne la routine
Dans la lueur de minuit
Nos deux corps s’animent, mais à quoi ça rime?
Rien ne rime à rien, mais avant que le jour se lève
Serre une dernière fois ton corps contre le mien
J’ai peur du matin, j’ai peur de l’aube qui déchire les rêves
A la saison des amours sans lendemain
Il faisait noir dans le village
Mais les étoiles nous éclairaient
Après la nuit vient le matin
En m’éveillant… je me souviens.
|
Veilleuse Paris, France
A première vue, son nom évoque le calme nocturne, mais ses chansons sont loin d’être de tranquilles
berceuses.
Veilleuse écrit, compose, et orchestre ses chansons comme des tableaux musicaux en clair-obscur.
[ENGLISH] At first glance, her name evokes the night calm, but her songs are far from being peaceful lullabies. Veilleuse writes composes and orchestrates songs like chiaroscuro paintings.
... more
Streaming and Download help