1. |
Manifeste (intro)
01:25
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Fini le temps de l’école
La peur des punitions
J’ai quitté l’Acropole
Des donneurs de leçons
La voix est libre.
Bye bye, tour de contrôle
Je passe le mur du son
Désormais je décolle
Sans autorisation
La voix est libre.
Adieu voleurs d’organes
Vendeurs à la criée
Et castrats kleptomanes
Ma voix n’est plus sous clé
La voix est libre.
J’arrête de faire du charme
A quoi bon racoler
La colombe a pris les armes
Au lieu de roucouler
La voix est libre.
J’en peux plus de me taire
Je ne suis pas là pour plaire
Tant mieux s’il faut crier
Cracher dans l’encrier
La voix est libre.
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2. |
Polka
02:30
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Celle qui reste après la tempête
A perdu le sens de la marche
Isolée, fragile et défaite
Elle invoque les patriarches.
Celle qui reste après la tempête
Se retrouve paumée à l’ouest
Et le sang lui monte à la tête
A force de retourner sa veste
Tandis que rouille le rideau de fer
Sévit encore le blizzard froid
Alors elle sculpte des croix de pierre
Contre le vent de la toundra.
Celle qui reste après la tempête
Cherche dans le passé un second souffle
Elle ressuscite de vieux prophètes
Devant des tartuffes en pantoufles.
Celle qui reste après la tempête
Clame haut et fort qu’elle est debout
Qu’elle ne baissera jamais la tête
Qu’on ne la mettra pas à genoux
Pendant que les étoiles s’éteignent
L’aigle blanc lentement se meurt
Et craignant la fin de son règne
Il pourchasse l’ennemi intérieur.
Celle qui reste après la tempête
Rêve un avenir au goût d’hier
Elle est lancée, plus rien ne l’arrête,
A toute vitesse en marche arrière
Celle qui reste après la tempête
Se cherche des boucs émissaires
Elle s’agite comme une girouette
Mais ne fait que brasser de l’air.
Et les puissants partent en croisade
Contre le vent, toutes voiles dehors
Pendant que les faibles et les malades
S’agrippent à l’envers du décor.
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3. |
Fille de Lilith
04:54
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Une pincée d’épices dans un verre de café
Tu m’offres un élixir brûlant, noir et sucré
Et d’un sourire timide où les mots se bousculent
Tu fais vaciller mon esprit funambule
La nuit tombe des nues et moi je l’accompagne
Je caresse du regard ta silhouette qui s’éloigne
Sereine, je t’attendrai
Car ce que je désire
Je n’ai qu’à l’invoquer
Pour le faire survenir
Cette magie qui m’habite
Je la tiens de ma mère
Nous les filles de Lilith
On nous appelle sorcières
Une pincée d’épices dans un verre de café
Si tu savais l’effet que ton philtre m’a fait
Je déguste en silence une douce tachycardie
En cherchant l’antidote contre mon insomnie
Les battements de mon pouls font danser les secondes
A chaque coup de tambour, les heures me répondent
Alors je jette un sort aux gardiens de la nuit
Pour que leurs yeux se ferment, que Morphée s’en empare
Et j’adresse une prière aux maîtres du hasard
Pour que nos ombres s’enlacent au désert de minuit
Sereine je t’attendrai
Le temps est avec moi
Le sort en est jeté
Je sais que tu viendras
Peut-être pas tout de suite
Mais à la lune croissante
Nous les filles de Lilith
On sait être patientes.
Une pincée d’épices dans un verre de café
La lune est pleine ce soir, vingt-huit jours ont passé
Et autant de nuits blanches ont marqué mes paupières
L’élixir sucré a pris un goût amer
J’en ai même douté de mes propres pouvoirs
Failli me résigner à ne pas te revoir
J’ai effacé ton nom, je ne t’attendais plus
Mais avec la lune rousse tu es réapparu
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4. |
Marx Dormoy
03:36
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Il pousse un caddie rue de Paradis
Elle fait la manche à la station Blanche
Il tend sa sébille métro Belleville
"Je suis désolée, j’ai plus de monnaie..."
Sur un carton rue Daubenton,
Au pied du mur, une couverture.
Un homme s’endort à Gare du Nord
Moi je presse le pas, c’est l’heure du repas.
Tu dors où toi ? A Marx Dormoy
En bas de chez moi tu dors dehors.
Quand il fait noir, quand il fait froid
Sur le trottoir tu fais le mort.
Châtelet les Halles, galère banale
Splendeur et misère dans le RER
Visages fermés sur la ligne C
Regards saumâtres sur la ligne 4.
« Mesdames et messieurs », je croise ses yeux
Un sourire crispé, comme pour m’excuser
Une pièce dans son gobelet, cruelle charité
Coupable impuissance de la bienfaisance.
Tu dors où toi ? A Marx Dormoy
En bas de chez moi tu dors dehors.
Quand il fait noir, quand il fait froid
Sur le trottoir tu fais le mort.
Moi je donne qu’aux femmes, moi qu’aux musiciens
Pas à ceux qui se cament, ni aux punks à chien
Les gosses qui mendient, ça sent la mafia
Vous savez ce qu’on dit : leurs parents bossent pas.
A ceux qui picolent, j’achète à manger
Si c’est pour l’alcool, je veux pas cautionner
Moi je donne jamais, ce n’est pas mon rôle
L’Etat doit gérer, reprendre le contrôle.
Tu dors où toi ? A Marx Dormoy
En bas de chez moi tu dors dehors.
Quand il fait noir, quand il fait froid
Sur le trottoir tu fais le mort,
Sur le trottoir tu fais le mort…
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5. |
Voisins voisines
03:38
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Voisins, voisines, désolée
Si je trouble votre tranquillité
Quand je passe parmi vos maisons,
Pardonnez-moi cette intrusion
Le terrain était vague sans vous
Et puis je vous ai vus débarquer,
Immobiliser dans la boue
Vos caravanes bigarrées
Affairés du matin au soir
Vous ne levez jamais la tête
Quand j'entre sur votre territoire
J'essaie de me faire discrète.
Qui êtes-vous, voisins, voisines ?
Chaque jour je passe,
Gênée, je trace,
Je n’ose pas vous faire signe.
Et pourtant j’aimerais au moins savoir
D’où vous venez,
Où vous irez,
Si vous repartez sans dire au revoir.
Voisins, voisines, j’avoue que parfois
D’être si timide, je me sens conne.
S’il vous plaît, ne me prenez pas
Pour une voyeuse, ou une espionne.
C’est que vous êtes sur le chemin
Que je prends matin et soir,
Je n’arrive pas, comme font certains,
A vous éviter du regard.
Que se passe-t-il, voisin voisines ?
Nos yeux s’allument,
On se salue
Attendiez-vous seulement un signe ?
Juste un sourire, et déjà je repars.
Mais cet arrêt
Laisse espérer
Un peu plus qu’un bonjour sans au revoir.
Voisins voisines, je pense à vous
En voyant les traces de roues
Seul vestige de votre passage
Comme les lettres d’un message
Qu’est-ce qui a pu vous faire prendre la fuite
En pleine nuit, à la va-vite
Pour que vous ne preniez même pas la peine
De préparer votre sortie de scène ?
Où êtes-vous, voisins, voisines ?
Les jets d’eau passent
Et vous effacent,
Ils obéissent aux consignes.
Et font semblant de ne pas savoir
Ce qui a fait
Qu’une nuit d’été
Vous avez dû fuir sans dire au revoir.
Voisins, voisines, désolée.
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6. |
Vieille indigne
03:25
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Une fois de plus, je me lève
Fatiguée d’être en vie
L’avenir, nous dit-on
Appartient aux lève-tôt.
Moi, mes nuits sont si brèves
Et mes jours infinis
L’avenir me paraît long
Comme une journée de boulot…
Pour ce qui est de travailler, j’ai payé mon tribut :
J’étais une employée docile et transparente.
La main qui me nourrissait, je ne l’ai jamais mordue
Mais quel zèle inutile d’être si obéissante !
Car au seuil de la mort, il n’y a plus de hiérarchie,
Il n’y a plus que mon corps pour me dicter sa loi.
Je ne ferai plus d’effort pour paraître polie,
Enfin seul maître à bord ! La patronne, ce sera moi.
Finie la bonne conduite, maintenant je m’autorise tout !
Vu que je suis si près du bout, autant que j’en profite.
Si la vie est un songe, l’heure du réveil approche,
Car je suis vieille et moche, la maladie me ronge…
A quinze ans, on m’a dit d’être belle et de me taire,
Qu’est-ce qui me retient maintenant de leur dire merde à tous ?
Ma beauté s’est ternie, ne me reste que la colère.
A quatre-vingt-huit ans, je glisse dans la folie douce.
Puisque les médecins ne me donnent plus que 6 mois,
Plus question d’obéir, ni de suivre les consignes.
Préparez-vous au pire, ne comptez plus sur moi
Pour jouer le repentir : je suis une vieille indigne !
Finie la bonne conduite, maintenant je m’autorise tout !
Vu que je suis si près du bout, autant que j’en profite.
Si la vie est un songe, l’heure du réveil approche,
Car je suis vieille et moche, la maladie me ronge…
N’attendez pas, jeunes gens
La vieillesse pour vivre,
Ne vous résignez pas
A une vie en sursis.
Il n’y a pas de règlement,
Y a pas de marche à suivre,
Il n’y a pas d’autre loi
Que celle que l’on choisit…
Mais j’arrête mes discours, je crois que vous ne m’écoutez plus.
Pardon si je délire, ou si j’ai l’air bizarre.
Je ne veux pas vous faire fuir, merci d’être venus !
C’est toujours un peu court, revenez vite me voir.
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7. |
Scolopendre
03:45
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La nuit lentement tisse sa toile
L’amant enlace sa chère et tendre
Tandis que glissent les scolopendres
Ils dorment dociles, sous les étoiles
La nuit, les secrets se fissurent
Les failles se révèlent sous le fard
Les deux amants ont le cafard
Mais s’accrochent à ce qui les rassure
La nuit injecte son venin
Dans les cauchemars des endormis
Elle les pique jusqu’à l’agonie
Tandis qu’ils font semblant de rien
La nuit sur leur lit de limaces
Les amoureux s’obstinent à croire
Que les nuées de mouches noires
N’infesteront pas leurs carcasses
La nuit est une araignée folle
Etrangleuse sadique aux mille fils
Les deux dormeurs pâles et fragiles
Se débattent dans sa camisole
La nuit s’agacent les jalousies
L’herbe se fane comme leurs âmes mortes
Et quand le flot d’aigreur les emporte
Ils sombrent dans le tsunami.
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8. |
Chiennes errantes
03:32
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Homme c’est à toi que je m’adresse
Toi, chasseur sachant chasser
N’essaye pas de me mettre en laisse
Ca risque de m’agacer
Comme d’autres chiennes errantes
J’ai arraché mon collier
Ni parano, ni méchante
Je suis seulement aux aguets.
Détachées, enragées
Femelles en liberté
Ni muselées, ni tatouées
Impossibles à contrôler
On ne fait plus semblant d’être douces et disciplinées
Et on montre les dents à ceux qui veulent nous attacher
Qui voudraient qu’on fasse la belle, debout assise couchée
Qui se permettent de nous toucher, sans nous apprivoiser
Les chasseurs savent donner le change
Mais quand ils sont bien cachés
Dès que leur fusil les démange
Ils nous mettent la pâtée
Au chenil, la colère couve
Dire qu’on avait oublié
Qu’autrefois, on était des louves
Et que c’est eux qui nous chassaient
Détachées, enragées
Femelles en liberté
Ni muselées, ni tatouées
Impossibles à contrôler
Elle est loin d’être finie l’époque où ils nous capturaient
Pour vendre notre peau à des prédateurs esseulés
Enchaînées au poteau de la honte, des jugements, des clichés
Aujourd’hui les chiennes errantes doivent continuer à faire le guet
Une pour toutes, toutes pour une
Unissons nos voix pour hurler à la Lune
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Veilleuse Paris, France
A première vue, son nom évoque le calme nocturne, mais ses chansons sont loin d’être de tranquilles
berceuses.
Veilleuse écrit, compose, et orchestre ses chansons comme des tableaux musicaux en clair-obscur.
[ENGLISH] At first glance, her name evokes the night calm, but her songs are far from being peaceful lullabies. Veilleuse writes composes and orchestrates songs like chiaroscuro paintings.
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